Julien Serve

Julien Serve dessine. Il dessine les mondes qui l’entourent, des mondes intrinsèquement urbains, les cités contemporaines, les paysages médiatiques, les corps et les vies. C’est par le geste que Julien Serve s’inscrit
et prend place dans ses mondes. Il veut témoigner, traduire, transformer. Le journal intime de l’artiste, son « quotidien », est écrit par le geste qui dessine, dessiné par le geste qui écrit. Et aux corps humains souvent morcelés, le corps urbain redonne une cohérence.

Julien Serve est né à Paris. Il travaille à Paris. Il y vit, dérive, rencontre. Dans ses dessins il rejoue les signes, les motifs, les émotions qu’il collecte ou qui l’ont percuté dans sa flânerie. Sa pratique artistique le relie à son époque, à son temps, à son espace. Ses dessins se sédimentent dans le tissu urbain, dans le plan architectural même de la ville : le dessin comme une concrétion. Ils se fossilisent dans le béton, s’émissent dans la lumière, envahissent de couleurs les murs.

« Je suis un gars du cru, un Parigot pur jus. Je suis aussi exotique qu’une baguette de pain. Je suis un aborigène génétiquement
non modifié, un autochtone, une fin de race. Mon storytelling
est épais comme une tranche de jambon de Paris. Je suis le fond de sauce. Je mijote depuis toujours dans la marmite. En cette fin de journée de printemps je suis en attente devant l’Église Saint Eustache à quelques mètres de l’antre des Halles. La rue rissole au soleil de fin juin. Posté devant l’horrible tête en grès de cinquante tonnes sculptée par Henri de Miller, je regarde les passants. Des parisiens de tous âges, de toutes formes et origines. La sculpture écoute la ville. Je ne sais pas ce qu’elle entend mais moi je vois que Paris rend les gens beaux. Cuits à point.»

(Julien Serve ; Dérives parisiennes – extrait)

@servejulien