Elle & Lui
Maïa Mazaurette et Guillaume Varone
11.02.2022 – 06.03.2022
Elle peint Lui ; Lui photographie Elle.
Maïa Mazaurette peint sur papier, sur carton, elle coud, elle colle... de multiples modèles qu’elle invite chez elle, à New York, à poser nus dans un espace hors du temps. Guillaume Varone photographie en noir, en blanc et en bleu une modèle unique, au plus près de la peau et de l’âme. Maïa Mazaurette et Guillaume Varone ont tous deux la quarantaine ; ils sont tous deux au début de leur carrière qui de plasticienne, qui de photographe ; ils sont tous deux fascinés par le corps de l’Autre – et parfois son visage ; et leurs œuvres à tous deux sont empreintes de la puissance du désir : désir de voir et de donner à voir, de rêver et de donner à rêver de représenter, d’aimer, de comprendre...
Maïa Mazaurette : Au commencement, il y a la lumière.
Celle du modèle. C'est la lumière d'une scène - car les modèles sont presque tous acteurs de théâtre, habitués à être disposés, à se mettre à nu. Mais pas comme je le leur demande. Ensuite, il y a la table de ma cuisine (table de dissection ?), plongée dans l'ombre, et une boucle musicale de deux minutes, qui se répète pendant plusieurs heures. Certains modèles s'endorment, certains rougissent ou bandent. Certains ont peur, d'autres rient. Je les regarde, ils suivent mon regard. C'est intimidant pour moi aussi. Sur le moment, je me contente d’esquisses. L’or passe ensuite : celui des icônes, de la (ré)incarnation tant attendue des masculinités contemporaines. Et la peinture bien sûr, matière si masculine, si légitime, que j'entremêle de fil, fragile, féminin, médium qui connaît maintenant sa propre légitimité. Quand j'étais enfant, mon père se consacrait aux travaux de peinture, ma mère aux travaux de couture. L'une perce et l'autre couvre, l’une rature et l’autre décore.
Mes peintures ne sont pas pour les enfants. Peints, couturés, icônifiés, mes modèles retournent à la lumière - des hommes sur le piédestal. Il était temps.
« Il est de notre responsabilité, dit encore Maïa Mazaurette, comme
autrices et plasticiennes, de dire aux hommes qu’ils sont beaux, de les
peindre, de les filmer, de les décrire... les convaincre de leur pouvoir
érotique, un pouvoir reposant sur la coopération et le lâcher-prise ... et qui
nous permettra d’aimer les hommes en entier ».
Guillaume Varone : Je connais ce corps depuis des années
« Il est là, devant moi. C’est comme si je le voyais pour la première fois.
Il bouge librement, enchaîne les mouvements, multiplie les positions. Il se
tord, se plisse et se reforme au gré de ses envies. Simple et sincère, il se
livre progressivement pour enfin se dévoiler. »