Caroline Tschumi
Depuis l’enfance, Caroline Tschumi réalise des dessins de manière obsessionnelle. A la faveur de ses études à la HEAD – Genève, dont elle sort diplômée en 2018, cette pratique intime s’est déployée sur différents formats et différents médiums, jusqu’à la peinture à l’huile ou des installations immersives. Le dessin reste néanmoins une activité de prédilection à laquelle l’artiste s’adonne quotidiennement.
Comme elle l’explique : « Le dessin doit rester pour moi un moyen d’expression brutal. Je ne fais jamais d’esquisses ou de croquis préparatoires. Je me lance sur le papier et puis j’attends qu’il se passe quelque chose. On n’est pas très loin du dessin automatique. Les figures émergent par associations d’idées et dissonances. » Son iconographie syncrétique laisse ainsi entrevoir des figures et des personnages mythologiques issus de dessins animés, de bandes dessinées ou de contes médiévaux, qui se mêlent dans des scènes à mi-chemin de compositions surréalistes et d’hallucinations psychédéliques.
L’artiste porte d’ailleurs une admiration inconditionnelle à des groupes de rock des années 1960 à l’univers visuel puissant, Beach Boys et Pink Floyd en tête, qui l’accompagnent régulièrement pendant son travail. On en trouve la trace dans les carnets qu’elle n’a cessé de noircir depuis son adolescence. Tschumi revendique l’influence de Walt Disney ou de Naoko Takeuchi, auteure de « Sailor Moon ». Mais ces scènes faussement naïves dont la violence n’apparaît pas forcement au premier coup d’oeil, peuvent également faire songer aux planches d’Henry Darger, que l’on peut voir au musée de l’art brut à Lausanne. Comme pour ce dernier, les oeuvres de Tschumi régurgitent un imaginaire enfantin travaillé par les méandres d’un inconscient adolescent et adulte, exacerbant les connotations morbides, scatologiques ou sexuelles.
PAUL BERNARD, Commissaire d’exposition pour le MAMCO